Secteur textile : Entre réglementation et volontarisme

Temps de lecture : 7 min
Ecrit par Violette Demain

   

Lors de la 16ème édition du salon PRODURABLE, Positive Company® a organisé une conférence sur l’industrie textile, mettant en lumière les évolutions et les défis majeurs de ce secteur. Nous avons échangé avec Elizabeth Sénécaille, Directrice RSE chez IKKS et Federico Balzola, DRH chez DIM, sur la transformation de leurs modèles économiques et sur leurs meilleures pratiques RSE.

Nous avons initié la conférence en partageant des données clés tirées de notre étude de 2023 dans le cadre de notre activité Scoring. Cette analyse a permis de mettre en évidence les principales préoccupations au sein de l’industrie textile, à savoir :

  • La sélection des matières pour 95% des sondés (biosourcées, recyclées, moins impactantes pour l’environnement)
  • La suppression des produits toxiques au-delà des exigences réglementaires pour 80%
  • Le choix géographique des approvisionnements pour 25%
  • L’utilisation de logiciels de simulation pour la fabrication de prototypes pour 20%

Cette étude a également révélé que 48% des sondés ont affirmé avoir réalisé un bilan carbone et parmi ces entreprises, 80% intègrent les scopes 1, 2 et 3. On observe donc une réelle maturité carbone dans ce secteur qui prend en compte, pour la plupart, l’intégralité de ses émissions de GES.

Pour mieux comprendre les enjeux majeurs du secteur textile les représentants d’IKKS et de DIM ont témoigné :

Les principaux chantiers environnementaux

 La réglementation, notamment la loi AGEC, a incité IKKS à se concentrer sur des chantiers environnementaux essentiels. En étant accompagné par Footbridge, IKKS a mis en place une plateforme de traçabilité, associant des QR codes à chaque produit pour fournir des informations complètes sur leur origine et leur impact environnemental.

  

La marque va encore plus loin ? en développant une analyse de cycle de vie des produits et une collecte des données afin d’anticiper et se préparer à l’affichage environnemental, obligatoire sur chaque produit d’ici 2024. Enfin, pour prouver son engagement en matière de durabilité, IKKS a réussi à obtenir des certifications et des labels rigoureux témoignant des pratiques responsables. 

IKKS collabore également avec Re-fashion pour obtenir le label Bonus Réparation, qui encourage la réparation des textiles et chaussures au lieu de les jeter. Cette initiative gouvernementale, introduite dans le cadre de la Loi AGEC, encourage les entreprises à proposer des services de réparation avec des tarifs préférentiels pour les consommateurs. Un excellent moyen de limiter le gaspillage et d'encourager les consommateurs à adopter cette démarche responsable.

De son côté, le plus grand chantier pour DIM a été de repenser la stratégie RSE en se focalisant sur 3 axes :

 

Les enjeux sociaux et sociétaux

En ce qui concerne IKKS, un des défis majeurs est d’attirer et de retenir les métiers de la vente, qui impliquent souvent des horaires complexes et une rémunération peu attractive. Il est donc important de donner du sens à ces métiers, qui sont le premier contact avec les clients. Pour cela l’engagement au niveau RSE et la communication autour de ses enjeux représentent des leviers fondamentaux. 

Pour DIM, l’enjeu est de savoir comment donner du sens et comment faire de la RSE le principal moteur de transformation des entreprises. Pour lui, la RSE, tout comme l’intelligence artificielle, sont deux tendances majeures qui façonneront considérablement la manière de mener les activités commerciales. Pour DIM, il est donc question de repenser les processus de l'entreprise mais aussi les différents métiers. Ils anticipent que tous les emplois devront évoluer et devenir de plus en plus sensibles aux enjeux de la RSE, que ce soit en termes de changement de mentalité ou d’adaptation aux réglementations en vigueur.

Les leviers de réduction de l’empreinte carbone

Pour IKKS, il était urgent d'agir après avoir constaté que chaque employé générait 36 tonnes de CO2 en 2019, bien loin de l'objectif de 2 tonnes des Accords de Paris. La marque a donc concentré ses efforts sur les matières premières et les processus de production, tout en accompagnant les fournisseurs vers des pratiques plus durables, comme le passage à l'énergie photovoltaïque en Inde, le traitement des eaux au Maroc, et l'approvisionnement en énergie hydraulique en Chine.

DIM, de son côté, a mesuré les émissions de carbone sur les scopes 1 et 2 et a impliqué ses employés dans des groupes de travail pour réduire la consommation d'énergie de 35%. Ils ont également écouté les besoins des consommateurs, découvrant par exemple que le repassage n'était pas une priorité pour eux. Cette révélation a conduit l’entreprise à abandonner les technologies de repassage énergivores au profit de méthodes plus respectueuses de l'environnement. Enfin, DIM a décidé de s’engager dans un projet de compensation carbone en plantant 50 000 arbres en France.

Pour terminer, voici quelques projets volontaires actuellement en cours ou à venir, partagés par la directrice RSE d’IKKS, qui pourraient certainement vous inspirer :

  • Une opération “Octobre rose” dédiée à la sensibilisation et à la lutte contre le cancer du sein pour les salariés
  • La mise en place d’ateliers mensuels “Fresque du climat” pour former et sensibiliser les collaborateurs sur le changement climatique
  • L’organisation du “World clean up day”, une journée dédiée au ramassage des déchets
  • Un projet de mécénat appelé “Sea Cleaner”, où IKKS finance la construction de bateaux pour nettoyer les océans
  • Un projet ambitieux visant à réduire les déchets liés au patronage grâce à l’adoption de la modélisation en 3D pour la création de prototypes. Un moyen efficace de réduire les volumes de production, minimiser les pertes, tout en optimisant le processus.
  • Le développement de la seconde main pour les vêtements enfants, avec une collecte  en ligne et en boutique dès octobre 2023. Ce projet, en partenariat avec Smala, une start up nantaise, est d’autant plus important quand on sait qu’il y a à peu près 5 millions d’articles IKKS sur Vinted.

Cette conférence nous a donc éclairé sur les principaux enjeux du secteur textile et a mis en avant des initiatives pertinentes pour y faire face. Pour finir la conférence, Charles-Henri Margnat, fondateur de Positive Company® a voulu mettre l’accent sur l’importance de la collaboration entre les entreprises au détriment de la compétition. L’objectif aujourd’hui est de coopérer pour trouver des solutions et se partager les meilleures pratiques pour répondre aux défis environnementaux et sociaux.

Pour en savoir plus, regardez le replay de la table ronde : 

Scoring by Positive